Devant la glace, 1876

29/12/2022 1 min
Devant la glace, 1876

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Episode Synopsis

Tracey Bashkoff, conservatrice, parle de l’adéquation entre le style intimiste de Manet et son modèle corseté.

Transcript
Récitant: Édouard Manet a peint cette femme s’habillant — ou se déshabillant — en 1876. Son modèle n’était autre qu’une courtisane très en vue, la maîtresse du prince héritier des Pays-Bas. Conservateur Tracey Bashkoff:

Tracey Bashkoff: On ne voit pas son visage. Sait-elle seulement qu’il y a quelqu’un derrière elle qui la regarde ? L’ambiance est très intime, c’est comme si nous étions dans la scène avec elle.

Récitant: En peignant la femme en corset, Manet n’a pas vraiment cherché à choquer le spectateur. Paris était, à l’époque, la capitale européenne de la fête. Comme ses contemporains les impressionnistes, Manet voulait montrer tous les aspects de la vie moderne, y compris le domaine privé des plaisirs sensuels de ce qu’on appelait le « demi-monde ».

Sa technique picturale semble parfaitement adaptée au sujet.

Tracey Bashkoff: La femme est peinte dans un style très moderne. La spontanéité du coup de pinceau et l’absence de détails nous donnent l’impression que nous avons passé la tête dans son boudoir et avons saisi au vol cette image d’elle. Donc, non seulement le sujet est moderne, mais la technique de peinture utilisée l’est aussi.

Récitant: Ce n’est pas un hasard si, en l’absence d’un visage, notre attention est attirée par le corset. À demi-vêtue, la femme n’est-elle pas plus provocante encore que si elle était entièrement dévêtue ?

Tracey Bashkoff: Manet l’a dit lui-même « Le corset de satin, c’est peut-être le nu de notre époque. »

Édouard Manet, "Devant la glace", 1876. Huile sur toile, 93 x 71,6 cm. Solomon R. Guggenheim Museum, New York, collection Thannhauser, don de Justin K. Thannhauser, 78.2514.27